Anne-Sophie Richard, docteure vétérinaire, CES d’Hématologie et biologie clinique animales
Entité pathologique pourtant répandue en médecine vétérinaire, l’anémie peut parfois être déroutante. En raison de ses causes multiples, établir un diagnostic étiologique relève souvent du défi. Et pourtant, sans cette étape essentielle, il est difficile de mettre en place rapidement un protocole thérapeutique adéquat et efficace pour contrôler ce syndrome pouvant parfois mettre en jeu le pronostic vital de l’animal. La clé pour parvenir au diagnostic ? Suivre une démarche diagnostique rigoureuse !
Une anémie régénérative est caractérisée par la présence de réticulocytes dans le flux sanguin. La production réactionnelle de ces jeunes globules rouges par la moelle osseuse permet de compenser une perte de masse sanguine importante. L’anémie est alors périphérique. L’absence de réticulocytes détermine, a contrario, une anémie arégénérative d’origine centrale.
Beaucoup d’automates comptabilisent les réticulocytes de manière fiable. Il existe néanmoins d’autres moyens de les détecter. Surnommés les « gros bleus », ils engendrent une anisocytose (IDR élevé à la NFS) et une polychromatophilie du frottis sanguin. Des colorations spécifiques permettent aussi de les révéler de manière univoque. Comme les réticulocytes apparaissent en 3 jours en moyenne, leur absence doit être confirmée ou infirmée par un nouveau prélèvement à J+3.
La CCMH représente la concentration d’hémoglobine dans les globules rouges et équivaut à la TCMH ou le taux d’hémoglobine dans les hématies. Lors d’anémie, la CCMH peut être basse (anémie hypochrome) ou dans les valeurs usuelles (anémie normochrome). En revanche, l’hyperchromie est biologiquement impossible car au-delà de 36 g/dl, l’hémoglobine précipiterait dans les globules rouges.
Le VGM ou le volume des globules rouges peut être augmenté (anémie macrocytaire), diminué (anémie microcytaire) ou dans les normes (anémie normocytaire).
L’évaluation conjointe de la CCMH et du VGM permet d’établir des hypothèses diagnostiques. Pour exemples, une anémie non régénérative microcytaire et hypochrome se retrouve lors d’anémie ferriprive, tandis qu’une anémie non régénérative macrocytaire normochrome sera compatible avec un syndrome myélodysplasique comme lors d’infection par le FelV.
Le frottis sanguin permet de confirmer une réticulocytose et de mettre en lumière de nombreuses anomalies indétectables par l’automate.
Anomalies morphologiques : la forme des globules rouges peut donner des indices sur l’origine de l’anémie. Les sphérocytes (hématies plus petites et rondes) sont présents lors d’anémie hémolytique ou de transfusion tandis que les acanthocytes (globules rouges avec une paroi en doigt de gant retourné) peuvent indiquer un shunt porto-systémique, un hémangiosarcome ou une glomérulonéphrite.
Anomalies intracellulaires : on peut trouver des corps de Heinz (signe de stress oxydatif lors d’ingestion de toxique par exemple) ou des parasites intracellulaires (piroplasmes, Ehrlichia…).
Cellules atypiques : lors d’anémie fortement régénérative, il est possible de voir des érythroblastes, précurseurs des réticulocytes.
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Mise en ligne le : 6 mai 2024
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