Nous savons tous qu’il est parfois difficile d’allier vie professionnelle et vie privée, surtout lorsque nous avons des enfants aux emplois du temps bien différents du nôtre. Ce métier passion, que nous avons choisi, peut être prenant. Nos horaires de travail, loin des horaires classiques « de bureau », empiètent souvent sur les temps où les enfants ne sont pas à l’école. Les congés sont alors l’occasion de passer du temps avec eux, notamment durant les vacances scolaires. Mais les parents, bien que légalement prioritaires, peuvent-ils toujours poser leurs congés en même temps que leurs enfants ? Sur le terrain, dans les structures vétérinaires, comment s’organisent réellement les congés ?
Si vous tendez l’oreille au sein des équipes, et pas uniquement au sein des structures vétérinaires, vous réaliserez bien vite que l’organisation des congés peut facilement devenir un véritable casse-tête. Entre les parents qui veulent partir pendant les vacances scolaires, ceux qui désirent poser leurs congés en même temps que le conjoint dont la boite ferme en août… les contraintes sont nombreuses. Pas toujours facile donc de satisfaire tout le monde.
Priorité aux parents : les avis divergent
Après enquête et discussion avec plusieurs ASV et vétérinaires, certains parents, d’autres non, salariés ou employeurs, il en ressort que peu pratiquent la priorisation pourtant légale des salariés parents au sein de leur entreprise. En effet, pour beaucoup, il ne serait pas normal ou concevable qu’une telle pratique puisse être mise en place. Plusieurs arguments reviennent régulièrement :
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« Ce serait une discrimination » ;
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« Ce serait un manque d’équité » ;
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« Avoir des enfants est un choix et non un privilège » ;
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« Les salariés sans enfants ont également une vie »…
Ce qui ressort aussi de ces discussions, c’est que les personnes qui ont répondu « non » à la question : « Pensez-vous qu'il est normal que les salariés parents soient prioritaires dans la prise de leurs congés d’été ? » n’ont généralement pas d’enfants.
Alors, pour éviter les conflits, des « procédures » pour la pose des congés sont mises en place par les employeurs dans de nombreuses structures.
Rappelons à ce sujet que, d’après la convention collective, les dates des congés doivent être fixées, au minimum 2 mois avant la date du début de la période légale de congés, en accord avec l'employeur et les salariés, et en fonction notamment : des nécessités du service, des préférences personnelles avec priorité en faveur des parents ayant des enfants d'âge scolaire et de l'ancienneté dans l'établissement.
Il a été évoqué par beaucoup, l’utilisation de système de rotation entre les salariés d’une année sur l’autre, afin qu’un roulement ait lieu. L’objectif : que ce ne soit pas toujours les mêmes salariés en congé chaque année aux mêmes périodes, pour les fêtes de fin d’année par exemple, ou encore pour les congés d’été. D’autres critères complémentaires sont parfois pris en compte, comme le traitement en priorité des demandes de congé des salariés qui se sont vus refuser leur demande précédente ou la prise en compte des jugements de droit de garde en cas de salariés divorcés ou séparés.
Et si malgré tout plusieurs salariés font la même demande de congés, afin que l’employeur ou le responsable n’aie pas à trancher lui-même, il est conseillé aux salariés concernés d’avoir une discussion préalable, pour trouver ensemble un accord. Cette pratique permet une meilleure entente au sein de la structure. À ce sujet, dans certaines entreprises, des réunions préalables aux congés ont lieu, afin de discuter en équipe des demandes et des possibilités.
N’oublions pas que l’organisation des congés payés incombe à l’employeur, il n’est donc pas obligé de mettre en place tout ce que nous venons d’énumérer.
Y a-t-il une " bonne " façon de faire ?
Cette question se pose forcément devant la divergence des avis. Mais de nombreux critères entrent en jeu dans l’organisation des congés et rendent cette question complexe. La taille des structures, par exemple, est évidemment à prendre en compte. La gestion ne sera pas la même dans un cabinet, une clinique ou un centre hospitalier : le nombre d’auxiliaires étant différent, tout comme l’activité et les besoins (certaines structures sont ouvertes 24h/24H et 365 jours par an). Les relations dans l’équipe jouent aussi parfois leur rôle. Finalement, malgré le caractère objectif des différents critères énoncés, il n’est pas rare que la question des congés, notamment ceux d’été et de Noël, engendre des tensions et des frustrations dans les relations de travail.
C’est pourquoi de nombreuses entreprises choisissent de laisser leurs salariés gérer leur demande de congé en autonomie et n’interviennent qu’en cas de situation de blocage. Chacun doit alors bien prendre en compte ses propres besoins mais aussi ceux des autres, ainsi que la répercussion des absences d’un ou plusieurs salariés lors de telle ou telle période.
Audrey Asselin,
Auxiliaire Spécialisée Vétérinaire
Ressources documentaires et bibliographiques :
[1] Article du Sénat sur les vacances scolaires [En ligne] Disponible sur : https://www.senat.fr/lc/lc91/lc910.html [Consulté le 5 février 2023] ;
[2] Convention collective nationale des vétérinaires praticiens salariés du 31 janvier 2006 [En ligne] Disponible sur : https://www.legifrance.gouv.fr/conv_coll/id/KALICONT000005635824 [Consulté le 7 février 2023].