Anne-Sophie Richard, docteure vétérinaire, CES d’Hématologie et biologie clinique animales
Souvent rangé et oublié, parfois prenant la poussière au fond du bloc opératoire, le bistouri électrique n’est ni obsolète ni réservé aux seuls spécialistes. Comprendre son fonctionnement, ses indications et ses limites est néanmoins indispensable pour permettre aux équipes vétérinaires d’en faire un allié sûr et efficace de leur pratique chirurgicale quotidienne.
Le principe du bistouri électrique repose sur l’utilisation d’un courant électrique à haute fréquence qui, au contact des tissus, génère une chaleur importante localement.
Selon les réglages et l’embout choisis par le chirurgien, cet effet thermique permet l’hémostase par cautérisation (arrêt du saignement par brûlure de l’extrémité du vaisseau sectionné) ou l’incision du tissu ciblé.
Cette technique, appelée électrochirurgie, diffère de la chirurgie classique qui emploie des lames froides comme le scalpel.
Plusieurs modèles de bistouri électrique existent. Le plus répandu en clinique vétérinaire est monopolaire : le courant électrique traverse alors le corps de l’animal, entrant dans celui-ci par l’embout du bistouri et sortant par une plaque dite dispersive placée le plus souvent sous l’animal [1].
Qu’il soit utilisé pour inciser ou uniquement cautériser (coaguler), le bistouri électrique offre une hémostase précise et rapide, limitant efficacement les saignements pendant la chirurgie.
Il a également été démontré que l’inflammation (rougeur, écoulement) de l’incision réalisée avec ce procédé était significativement réduite dans les vingt-quatre heures post-opératoires [2].
En dermatologie, endoscopie, ou même lors d’interventions plus lourdes comme l’exérèse de chaîne mammaire, l’électrochirurgie permet aussi de réduire le temps opératoire [3]. Cela diminue non seulement les complications liées à l’anesthésie, mais aussi le risque d’infection post-opératoire, contribuant ainsi à une pratique chirurgicale plus sûre et à une utilisation raisonnée des antibiotiques.
Le bistouri électrique est surtout utilisé dans des cliniques (accès à l’électricité indispensable) réalisant un volume important d’actes chirurgicaux. En effet, loin de se substituer complètement au matériel classique, son utilisation nécessite l’engagement et la formation des équipes.
Outre son fonctionnement, il est essentiel de connaître les protocoles de maintenance de l’appareil ainsi que les risques professionnels liés à l’électrochirurgie (brûlures, fumées chirurgicales nocives).
Une utilisation inappropriée ou mal maîtrisée peut également entraîner des complications pour l’animal. Certaines études rapportent notamment un retard de cicatrisation, des complications plus fréquentes une semaine après l’intervention [3], ainsi que des brûlures, notamment au niveau de la plaque dispersive.
Les nouveaux bistouris électriques tripolaires visent à limiter ces risques tout en réduisant les déchets.
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Mise en ligne le : 18 novembre 2025
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