Alert’ : l’anémie infectieuse équine - retour en France d’une maladie virale sous surveillance

Si le dernier cas référencé par le RESPE sur le territoire français datait de septembre 2023, le 10 avril dernier, dans le Var, un étalon de 12 ans, asymptomatique, s’est révélé positif lors du dépistage effectué dans le cadre de sa mise à la reproduction (monte naturelle). Conformément à la législation en vigueur, l’équidé a été euthanasié tout comme les trois autres chevaux dépistés positifs dans le cadre de l’enquête épidémiologique. Deux d’entre eux appartiennent au foyer d’origine (même pâture) alors que le dernier, confirmé le 7 mai dans le département des Alpes-de-Haute-Provence est lié épidémiologiquement au foyer du Var.

L’anémie infectieuse équine, ce qu’il faut savoir

Le virus mis en cause est un lentivirus de la famille des Retroviridae. La matière virulente étant le sang des équidés porteurs, la transmission se fait généralement par des insectes mordeurs hématophages tels que les tabanidés (taons) ou encore via du matériel médical contaminé.

Après une période d’incubation qui dure de 15 à 45 jours, l’infection peut provoquer une thrombopénie et une anémie caractéristiques.

Les animaux contaminés restent porteurs à vie et présentent des périodes de virémie intermittentes.

Cliniquement, la plupart des chevaux et des ânes sont porteurs sains. Quand ils sont symptomatiques, les équidés peuvent développer trois formes de la maladie :

• Forme aiguë : hyperthermie (40–41 °C), anorexie, œdèmes déclives, tachycardie, dyspnée, conjonctivite, anémie sévère, thrombopénie, hémorragies, pétéchies, matières fécales striées de sang. Décès fréquent en quelques jours. Ceux qui survivent peuvent basculer dans une forme chronique ou redevenir asymptomatiques ;

• Forme subaiguë : fièvre modérée, œdèmes déclives, anémie modérée. Évolution plus lente jusqu’à la guérison ;
• Forme chronique : baisse de forme, dysorexie ou anorexie, amaigrissement œdème ventral, anémie et fièvre intermittente.

Le diagnostic se fait par un test d’immunodiffusion en gélose, le test de Coggins, qui est la seule méthode reconnue en France. Cette maladie étant une maladie règlementée, cette analyse doit être réalisée par un laboratoire agréé par l’État. La nécropsie quant à elle révèle un tableau à dominante hémorragique.

Il n’existe aucun traitement autorisé en France, ni vaccin. La prophylaxie sanitaire est basée sur le dépistage et l’abattage des chevaux porteurs. L’utilisation de matériel à usage unique ou valablement stérilisé est essentielle. La lutte contre les insectes vecteurs ne semble pas être une option efficace.

Cadre règlementaire entourant l’anémie infectieuse équine

Si jusque-là, l’anémie infectieuse équine était classée par l’État en danger sanitaire de première catégorie, depuis le 21 avril 2021 et la mise en place du règlement européen 2016/429 dit « loi de santé animale », elle fait désormais partie des maladies animales transmissibles de catégorie D et E, entraînant une obligation de déclaration, de surveillance et de certification.

Autrement dit, tout cas suspect ou confirmé d’AIE doit être déclaré auprès de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) et de la Direction générale de l’alimentation (DGAL). Cette déclaration entraîne une mise sous surveillance et la mise en place d’une enquête épidémiologique, le cas échéant, afin de contenir rapidement tout nouveau foyer.

Dans ce contexte, l’identification précoce des animaux porteurs (y compris des équidés porteurs sains) est essentielle.

Pour ce faire, des dépistages par un test de Coggins peuvent être demandés lors de la mise à la reproduction des étalons, lors d’importation ou d’exportation d’un animal selon la règlementation du pays de destination, lors de l’introduction d’un nouvel animal dans un troupeau… Lors de l’achat d’un équidé, il est recommandé de tester l’animal d’autant plus que l’anémie infectieuse équine est un vice rédhibitoire sous sa seule forme sérologique avec un délai de rédhibition de 30 jours.

Lorsqu’un équidé est dépisté positif, après la déclaration aux autorités compétentes, des mesures de polices sanitaires sont mises en place autour du foyer (recensement et dépistage des équidés présents, limitation des mouvements…), ainsi qu'une enquête épidémiologique dans une zone géographique définie autour du foyer afin de rechercher si les équidés ayant été en contact avec l’individu positif ont pu être contaminés.

Lors de la confirmation de cas en France, l’État est tenu d’informe l’OMSA.

Enfin, d’après l’Arrêté Ministériel du 23 septembre 1992, les animaux infectés confirmés sont marqués avant d’être abattus dans un délai fixé par le directeur des services vétérinaires.

La faible indemnisation proposée aux propriétaires dans ce contexte a tendance à les décourager de dépister leurs équidés.