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Dermatite atopique canine : les grandes lignes de la prise en charge

Noëlle Cochet-Faivre, Docteure vétérinaire, Maître de conférences à l'EnvA, diplômée ECVD, spécialiste en dermatologie

La dermatite atopique canine (DAC) est une affection cutanée chronique, d’origine multifactorielle, caractérisée par une inflammation de la peau évoluant par poussées. Elle résulte d’interactions complexes entre des prédispositions génétiques, des déséquilibres immunitaires, des altérations de la barrière cutanée et des facteurs environnementaux (allergènes, parasites dont les puces, alimentation, stress…).

Après avoir défini les bases physiopathologiques et les critères diagnostiques dans une première fiche (Dermatite atopique canine : définition et diagnostic), cette seconde fiche se concentre sur les principes de prise en charge multimodale et individualisée de cette maladie souvent invalidante.

La prise en charge de la dermatite atopique est multimodale et individu-dépendante. C’est une prise en charge qui se fait par étape après évaluation complète :

  • de la localisation des lésions et de leur intensité ;

  • de l’évaluation de l’indice de démangeaisons sur une échelle de 0 à 10 (il est associée à l’inconfort de l’animal et de ses propriétaires) ;

  • de la dysbiose (examen cytologique des sites lésionnels) ;

  • de la présence de facteurs aggravants potentiels.

 

Première étape : expliquer la maladie au propriétaire pour mieux soigner

Avant même de parler traitement, il est essentiel que le propriétaire comprenne ce qu’est réellement la dermatite atopique canine. Cette maladie chronique ne se « guérit » pas, mais se gère sur le long terme. En expliquant les causes, les facteurs déclenchants et la nature évolutive de la DAC, on pose les bases d’une relation de confiance. Le propriétaire devient alors un partenaire de soin actif, ce qui favorise l’observance du traitement, la détection précoce des rechutes et, finalement, permet une meilleure qualité de vie pour le chien et pour le propriétaire lui-même.

 

Deuxième étape : restaurer et protéger la barrière cutanée

Une fois le propriétaire sensibilisé et préparé, la prise en charge de la DAC commence par la restructuration de la barrière cutanée. Il est ainsi nécessaire de contrôler sur le moyen et long terme la prolifération des pathobiontes (membre opportuniste pathogène normalement sous-dominant de la flore commensale). Pour ce faire, l'utilisation de shampoings, de lingettes désinfectantes... est indiquée en veillant particulièrement aux zones de plis qui sont les points de départ de l’affection. L'utilisation quotidienne d’émollient/hydratant (baume, sprays) complète cette gestion hygiénique.

Parallèlement, la gestion antiparasitaire externe appropriée au mode de vie de l’animal est indispensable.

Lors de dysbiose importante un traitement par voie systémique peut être nécessaire. Durant cette étape l’utilisation d’antihistamiques peut contribuer à gérer la composante prurit quand elle n’est pas uniquement liée à la composante infectieuse.

 

Points clés

  1. La dermatite atopique est une maladie chronique.
  2. La prise en charge est multimodale et individuelle.
  3. La gestion de la dysbiose est primordiale avant l’utilisation d’immunosuppresseurs, elle permet d’avoir une meilleure réponse clinique et évite les cercles vicieux (prurit, infection, aggravation des lésions).
  4. La dermatite atopique est une dermatose évolutive, le traitement est adapté, modifié au cours du temps, l’objectif est le contrôle de la maladie sans nuire.

 

Troisième étape : moduler la réponse immunitaire quand c'est nécessaire

Lors de dermatite atopique grave, il peut être nécessaire d’envisager des traitements systémiques pour moduler la réponse immunitaire. Cette étape n’est pleinement efficace que lorsqu’elle est mise en place après gestion de la dysbiose quand celle-ci est présente.

Cela nécessite de revoir l’animal en cours de traitement anti-infectieux et de réévaluer la composante dysbiostique, l’étendue et la gravité des lésions ainsi que l’intensité du prurit.

Parmi les traitements systémiques, on distingue classiquement les antihistaminiques, les biothérapies (Lokivetmab), les immunosuppresseurs (corticothérapie, inhibiteurs de JAK, inhibiteurs de la calcineurine).

Il n’existe à ce jour pas de marqueurs caractéristiques de l’endotype immunitaire qui permette de choisir la meilleure molécule à un instant donné. On s’aide donc du phénotype clinique et des capacités financières des propriétaires.

L’objectif est le contrôle de la maladie sans nuire. Chaque molécule a ses avantages et ses inconvénients ainsi que ses cibles.

L’association médicamenteuse est parfois utile et le traitement doit être adapté dans le temps. Par exemple, un chien présentant une dermatite atopique avec un indice de prurit très élevé sans modification cutanée importante peut être un très bon candidat au lokivetmab.

Un atopique chronique avec une lichénification importante et des lésions de furonculose stérile aura possiblement une activation lymphocytaire de type TH1 et TH2, par conséquent il pourrait être meilleur répondeur à la ciclosporine tandis qu’un chien avec une composante allergique pourrait être un meilleur répondeur aux inhibiteurs de JAK.

Le changement alimentaire (régime d’éviction) est recommandé chez un chien ayant des troubles de la tolérance alimentaire associé à des lésions cutanées, chez un chien présentant un prurit important diffus ou localisé malgré une bonne gestion de la barrière cutanée. Un chien ne répondant pas à un régime d’éviction n’a pas à vocation à rester sous ce régime. Il n’existe malheureusement pas le régime d’éviction idéal qui corresponde à tous les chiens. Un chien atopique ne répondant pas à un régime d’éviction a besoin d’une alimentation enrichie en protéines de bonne qualité pour le renouvellement de sa barrière cutanée et en acides gras poly-insaturés (AGPI) entre autres.

Les tests allergologiques sont souvent effectués chez les chiens atopiques. Il est toutefois important de se souvenir qu’un atopique n’est pas un chien allergique mais que l’allergie est une comorbidité de la dermatite atopique. Ces tests sont donc très intéressants uniquement chez un chien ayant une anamnèse en faveur d’une allergie associée à des signes cliniques concordants.

Déclaration de conflit d'intérêt

L’autrice déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourrait influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.

Bibliographie

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Mise en ligne le : 17 juin 2025

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