Guillaume Belbis, docteur vétérinaire, Dipl. ECBHM
Les arthrites des bovins, qui correspondent à des infections articulaires d’origine bactérienne dans cette espèce (une origine virale étant possible chez les caprins avec le virus du CAEV) font parties des principales affections locomotrices des bovins (cause principale chez les jeunes bovins, et cause fréquente, après les affections du pied chez les bovins adultes) (voir photo 1).
On distingue 3 types d’origines possibles d’arthrite :
les arthrites primaires correspondent à une inoculation bactérienne directe dans l’articulation (plaie) ;
Ces modalités diverses de contamination de l’articulation conduisent à rencontrer une grande diversité de germes lors d’arthrite, parmi lesquelles :
Escherichia coli (contamination suite à une septicémie)
Streptococcus sp. (origine ombilicale)
Staphylococcus sp (origine ombilicale)
Mycoplasma bovis (origine respiratoire)
Trueperella pyogenes
Fusobacterium necrophorum
Des informations présentées en rappel, on déduira que la base du traitement des arthrites repose sur l’utilisation des antibiotiques, principalement par voie parentérale (même si la voie locale, intra-articulaire, est envisageable).
La molécule antibiotique choisie doit permettre :
de diffuser dans l’articulation et l’os sous-chondral. L’articulation et l’os sous-chondral sont des structures où les antibiotiques diffusent mal (hors contexte infectieux). Lors d’arthrite la diffusion intra-articulaire des antibiotiques est améliorée en raison de l’inflammation, conduisant à l’obtention de concentrations synoviales proches ou dépassant celles dans le sang. Une atteinte de l’os sous-chondral est possible lors d’arthrite : choisir une molécule qui diffuse bien dans l’os est donc pertinent. Cette diffusion varie selon les molécules.
Bonne diffusion (% de concentration os/sérum > 30%) |
Fluoroquinolones Lincosamides Macrolides |
Diffusion moyenne (15 à 30 %) |
Béta-lactamines Phénicolés |
Diffusion faible (<15 %) |
Aminosides Inhibiteurs de béta-lactamases |
Il convient néanmoins de noter que la diffusion est meilleure dans l’os infecté en raison d’une meilleure irrigation. Ainsi, la diffusion des aminosides est meilleure au niveau de l’os infecté avec une accumulation au niveau tissulaire favorable.
de diffuser en intracellulaire (Mycoplasma bovis présente une localisation intracellulaire ; Trueperella pyogenes peut également infecter des cellules phagocytaires (localisation intracellulaire possible) ;
d’être actif en présence de pus ;
d’être administrable sur des périodes longues, le traitement des arthrites étant nécessairement long (supérieur à 10 jours).
Parmi les molécules souvent employées, on retrouve les lincosamides et l’oxytétracycline.
Antibiothérapie par voie locale
L’administration d’antibiotiques directement au site articulaire est également envisageable, sous couvert d’une réalisation dans des conditions d’asepsie parfaites. Il est possible de les administrer :
par injection intra-articulaire, seule ou en complément d’un lavage articulaire (même si des risques d’inflammations locales suite à l’injection peuvent être rencontrées, surtout si les injections sont répétées dans le temps) (voir photo 2) ;
par injection intraveineuse sous garrot, pour permettre d’atteindre des concentrations élevées d’antibiotique dans l’articulation (voir photo 3) ;
par dépose chirurgicale d’implants de plâtre imprégnées d’antibiotiques, technique proposée dans certains centre hospitaliers universitaires vétérinaires.
La gestion de la douleur
Les arthrites étant des affections douloureuses, le recours aux anti-inflammatoires non stéroïdiens est vivement recommandé.
Dans certains cas, plus rares en pratique courante (même si possible), le recours au lavage articulaire, voire la chirurgie peut être envisagé
Le lavage articulaire
Cette technique vise à éliminer le liquide articulaire anormal et ainsi éliminer les médiateurs de l’inflammation (voir photo 4). Réalisé chez un animal sédaté, ce lavage (en complément d’une antibiothérapie systémique) permet de bonnes récupérations s’il est réalisé tôt dans le déroulé de l’affection.
L’ouverture chirurgicale de l’articulation permet un nettoyage et un curetage de l’articulation. La technique varie selon l’articulation atteinte. Dans les cas les plus sévères, cette arthrotomie peut être complétée d’une arthrodèse.
L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.
Mise en ligne le 4 février 2025
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