Abigaël Marty, docteure vétérinaire, Assistante hospitalière en chirurgie-anesthésie des équidés, EnvA
Les prokinétiques sont des molécules capables de stimuler la motilité du tractus digestif. Le choix de l’agent dépend du segment intestinal ciblé et du contexte clinique. Leur emploi doit cependant rester prudent, leur efficacité étant variable et leurs effets indésirables parfois marqués.
La motilité intestinale repose sur une interaction complexe entre le système nerveux central, le système nerveux autonome et le système nerveux entérique.
Les causes d’hypomotilité gastro-intestinale chez les chevaux sont multiples. Elles peuvent être, par exemple, d'origine inflammatoire ou neurogénique, et altèrer directement le transit intestinal.
L’iléus post-opératoire est ainsi une des causes de réduction de la motilité intestinale et une des complications qui peut survenir à la suite d’une chirurgie de colique (Hellstrom et al., 2021 ; Lisowski et al., 2018).
En pratique, les causes inflammatoires peuvent être prises en charge par des anti-inflammatoires non stéroïdiens.
Les causes neurogéniques sont quant à elles traitées par des prokinétiques. L’objectif de ces derniers est d’augmenter la fréquence et la force des contractions intestinales.
Les molécules prokinétiques disponibles en France peuvent être réparties en quatre groupes :
les parasympathomimétiques ;
les benzamides ;
les antagonistes de la motiline ;
et les anesthésiques locaux.
1 ) Les parasympathomimétiques
Ils regroupent la néostigmine et le béthanécol.
La néostigmine est un inhibiteur cholinergique qui prolonge les effets de l’acétylcholine au sein des jonctions neuromusculaires. Son action est principalement dirigée sur le gros colon ce qui fait d’elle la molécule privilégiée dans les cas d’impaction du gros colon. La néostigmine a cependant des effets indésirables comme celui de retarder la vidange gastrique, elle est donc à proscrire dans les cas d’obstruction proximale de l’intestin ou en cas de reflux gastrique. La dyspnée et la bradycardie sont également des effets indésirables parfois rencontrés. Une utilisation raisonnée de la néostigmine est ainsi à envisager chez des chevaux atteints d’asthme ou présentant des arythmies cardiaques (Beder et al., 2020). La néostigmine dispose d’une formulation avec autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le cheval en France.
Le béthanécol est un agoniste cholinergique muscarinique, qui stimule la libération d’acétylcholine, permettant ainsi la contraction des muscles lisses. Il améliore la contractilité de l’estomac, du duodénum, du jéjunum, du caecum et de la courbure pelvienne. Les effets secondaires fréquemment décrits sont l’hypersalivation, la diarrhée et les coliques (Lefebvre et al., 2016). Le béthanécol ne dispose pas d’AMM équine en France.
2 ) Les benzamides
Ils sont représentés par le métoclopramide. Ils ont des effets agonistes et antagonistes des récepteurs 5-HT3 et 5-HT4, stimulant ainsi la libération d’acétylcholine des ganglions mésentériques.
Le métoclopramide augmente la vidange de l’estomac, la contractilité de l’intestin grêle, et augmente la coordination gastro-duodénale. Son utilisation prophylactique dans les cas de résection-anastomose de l’intestin grêle est rapportée comme diminuant le reflux gastrique post-opératoire (Beder et al., 2020 ; Brandon et al., 2024). Il n’existe pas d’AMM équine en France, mais la formulation pour les carnivores domestiques peut être utilisée.
3 ) Les antagonistes de la motiline
L’érythromycine est un antagoniste de la motiline, et aussi un macrolide. C’est un prokinétique fréquemment utilisé, qui stimule la vidange gastrique, augmente la contractilité de l’intestin grêle et du caecum et coordonne la motilité gastro-duodénale (Lefebvre et al., 2016).
4 ) Les anesthésiques locaux
La lidocaïne, un anesthésique local régulièrement utilisée comme prokinétique chez le cheval, n’a quant à elle pas d’effet démontré (Burke et Blikslager, 2018 ; Lisowski et al., 2018). La lidocaïne a cependant une action anti-inflammatoire et analgésique, et reste intéressante dans la prise en charge de l’iléus post-opératoire (Freeman, 2019 ; Lefebvre et al., 2016) . Les effets indésirables de la lidocaïne sont les tremblements, l’ataxie, la dépression cardio-respiratoire, notamment lorsque celle-ci est administrée trop rapidement ou à une dose trop élevée.
L’autrice déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourrait influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.
Mise en ligne le : 31 octobre 2025
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