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La réactivité chez le chien, un comportement indésirable fréquent et assez mal compris

Laure Bonati, docteure vétérinaire, consultante en médecine du comportement, titulaire d'un CEAV d’éthologie clinique et appliquée

Bien qu’il s’agisse d’un motif de consultation fréquent en médecine du comportement, la réactivité n’est pas définie scientifiquement par les vétérinaires. Les causes sous-jacentes sont nombreuses et la prise en charge d’un chien dit « réactif » reste complexe. Elle nécessite un investissement important de la part du propriétaire et un travail en équipe avec un ou une éducatrice compétente.

Un mot… mais pas de consensus scientifique pour le définir

La « réactivité » est un terme utilisé par les éducateurs canins pour désigner un ensemble de comportements indésirables présentés par les chiens, le plus souvent lorsqu’ils sont tenus en laisse, et qui peuvent être déclenchés par des stimuli variés, comme la présence de personnes inconnues, de congénères ou d’objets en mouvement (vélos, trottinettes…).

Face à ce « déclencheur », le chien va fixer dans la direction du stimulus, tirer sur la laisse ou se jeter vers le stimulus, émettre des vocalisations (grognements/aboiements…), avec une grande tension corporelle (crête/queue dressée). On considère que la réaction de ces chiens face à un stimulus normal est plus élevée que la réponse moyenne de leurs congénères.

 

Qui sont les chiens dits « réactifs » ?

Il n’y a pas de portrait robot du chien dit « réactif ». Les chiens de berger semblent surreprésentés, possiblement en raison d’une hypersensibilité sensorielle, à l’origine d’une réactivité aux bruits.

De même, les chiens ayant eu un défaut de familiarisation aux différents stimuli environnementaux pendant la période sensible (entre l’âge de 4 et 16 semaines environ) peuvent avoir moins de capacités d’adaptation dans un environnement trop stimulant. C’est le cas, par exemple, des chiots ayant grandi à la campagne puis placés dans un environnement urbain.

Le tempérament du chien joue un rôle primordial, les individus réactifs étant souvent des chiens craintifs et impulsifs. Enfin, les études ont montré que les chiens mâles sont plus agressifs que les femelles, indépendamment du fait d’être castré ou non.

 

Points clés

  1. Les chiens dits « réactifs » peuvent avoir des motivations différentes à se comporter ainsi, liées à leur génétique et à leur tempérament, aux conditions de développement et à leurs conditions de vie.
  2. Les réactions inappropriées des propriétaires (punition) viennent envenimer la situation en ajoutant des émotions négatives (stress, peur, douleur, frustration…) à chaque interaction.
  3. Le rôle du vétérinaire est d’exclure une douleur chronique, avant de référer vers des professionnels utilisant des méthodes de rééducation respectant le bien-être du chien (qui n'utilisent ni outil coercitif ni méthodes basées sur la peur).

 

Comment prendre un charge un chien décrit comme « réactif » ?

Dans de nombreux cas, les propriétaires sont démunis et vont punir les réactions de leur chien (cris, « coups de sonnette » sur la laisse…) de plus en plus sévèrement. Chaque interaction avec un « stimulus déclencheur » va être la source d’emotions négatives pour le chien, qui va apprendre à se méfier encore plus dans une situation similaire. Les propriétaires n’osent plus sortir leur chien, ce qui ne fait qu’ajouter de la frustration des deux côtés de la laisse.

Il n’y a pas de solution miracle à proposer au propriétaire d’un chien « réactif », la rééducation est longue et passe par une exposition progressive aux stimuli déclencheurs, sous la supervision d’un éducateur. Cependant, avant de référer, le vétérinaire traitant doit exclure une douleur physique (digestive ou locomotrice chronique) qui pourrait dégrader l’état émotionnel du chien et accentuer sa réactivité.

Déclaration de conflit d'intérêt

L’autrice déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourrait influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.

Bibliographie

  • [1] Hart, Carla J., and Tammie King. "“It’s Okay He’s Friendly”: Understanding the Experience of Owning and Walking a Reactive Dog Using a Qualitative Online Survey." Anthrozoös37.2 (2024): 379-400.
  • [2) Gilbert, C., Boivin, X., Bouvresse, A., Díaz, C., Diederich, C., Dramard, V., Fabre, A., Haddad, N., Hausberger, M., Marlois, N. and Michel, V., 2020. Évaluation du risque de morsure par les chiens (Anses).
  • [3] Stephens-Lewis, D., Johnson, A., Turley, N., Naydorf-Hannis, R., Scurlock-Evans, L. and Schenke, K.C., 2024. Understanding canine ‘reactivity’: Species-specific behaviour or human inconvenience?. Journal of Applied Animal Welfare Science, 27(3), pp.546-560.

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Mise en ligne le : 2 septembre 2025

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