Néosporose chez les bovins : de la transmission à la prévention

La néosporose est une cause d’avortement sporadique ou en série, généralement entre le 3ᵉ et le 6ᵉ mois de gestation (voir photo 2). Elle peut également induire des naissances de veaux morts ou faibles.

L’impact économique est important, en raison des pertes embryonnaires, du renouvellement anticipé des reproductrices, des pertes de production laitière et des coûts vétérinaires.

Cycle et modalités de transmission de Neospora caninum au bovin

Le cycle du parasite implique des hôtes définitifs (principalement les chiens en Europe, le coyote pouvant également être hôte définitif) et des hôtes intermédiaires (essentiellement les bovins).

Si des questions se posent sur le terrain sur l’implication du renard comme hôte définitif, les données scientifiques actuellement disponibles permettent d’exclure son implication dans la transmission de cette maladie.

Chez l’hôte définitif, le parasite se reproduit sexuellement, avec émission d’oocystes non sporulés dans l’environnement via les fèces. Chez les bovins, la multiplication est strictement asexuée (tachyzoïtes et bradyzoïtes).

La transmission de N. caninum peut se faire selon deux modalités principales :

• une transmission horizontale :

  • elle résulte de l'ingestion d’oocystes sporulés excrétés par les canidés infectés dans l’environnement (eau, fourrages, aliments contaminés) ;

  • elle est moins fréquente que la voie verticale (voir ci-dessous) mais reste épidémiologiquement significative, notamment en contexte de contamination des pâtures ;

  • les effets sont variables selon la dose infectante et le statut de l’animal :

    • pas d’effet si animal non gestant ;

    • avortement possible, ou infection in utero du fœtus avec naissance d’un veau normal ou présentant une atteinte neurologique ;

    • chez les vaches infectées durant la gestation : les gestations suivantes ne sont pas affectées.

• une transmission verticale (transplacentaire) :

  • c’est la voie de transmission prédominante. Elle peut être exogène (infection de la mère pendant la gestation) ou endogène (réactivation d’une infection latente contractée in utero chez une vache gestante) ;

  • le taux de transmission verticale peut atteindre 80 à 100 % chez les vaches infectées chroniques ;

  • les veaux nés infectés de façon congénitale peuvent être cliniquement normaux mais demeurent porteurs à vie, contribuant ainsi à la persistance de la maladie dans le troupeau.

Prévention et contrôle

En l’absence de moyen de lutte spécifique (absence de traitement et de vaccins), les modalités de lutte consistent à limiter la contamination des bovins par les deux sources principales de contamination :

• gestion du réservoir canin :

  • empêcher l’ingestion par les chiens des avortons et des enveloppes fœtales de bovin (mais contamination possible néanmoins par la consommation d’autres hôtes intermédiaires infectés comme les petits rongeurs et les volailles) ;

  • protéger les aliments et l’eau de boisson d’une contamination par les déjections des chiens, a minima celles des jeunes chiots.

• maîtrise/lutte contre la transmission verticale :

  • contrôle systématique des animaux à l’achat ;

  • dans les troupeaux contaminés : identification des animaux séropositifs puis :

    • réforme immédiate des bovins séropositifs (si prévalence faible) ;

    • ou si impossible (prévalence trop importante) :

      • Ne pas conserver la descendance des vaches séropositives pour la reproduction (intérêt économique à réaliser un croisement avec utilisation de semences de races allaitantes) ;

      • transfert embryonnaire pour les mères de bonne valeur génétique (les receveuses doivent être indemne)

    • surveillance régulière de la séroprévalence dans le troupeau.