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Et si le mentorat vétérinaire avait de l'avenir ? Entretien avec Marie Tanguy

C’est une grande joie pour moi d’ouvrir cette rubrique « Inspirez ! », dont l’objectif est de partager avec vous des profils inspirants de vétérinaires et d’ASV, avec une interview de Marie Tanguy, cofondatrice de la plate-forme de mentorat intergénérationnel vétérinaire Louveto et de Dr Patounes, agence de création de contenus et d’événements originaux dans le domaine de la santé et le bien-être animal. Je l’avoue (vous me pardonnerez de pêcher par identification et de mettre ici à l’écart mes convictions sur l’égalité), je suis ravie d’ouvrir le bal avec une femme, vétérinaire et entrepreneure. Ce matin, j’ai donc rendez-vous (en visio, comme à peu près tous mes échanges depuis un an…), avec Marie, sortie d’Oniris en 2019, lauréate du prix de l’Ordre 2021 et des projets plein la tête. Il n’en fallait pas beaucoup plus pour attiser ma curiosité…

Question bateau : pourquoi tu as voulu devenir vétérinaire ?

MT : Je ne vais pas être très originale… Du plus loin que je m’en souvienne, j’ai toujours voulu faire ce métier. Mes parents ont bien essayé de m’ouvrir à d’autres voies et débouchés - mon père, très littéraire surtout - mais rien n’y a fait, je n’ai jamais changé d’avis. J’adorais le contact avec les animaux et mon père étant allergique aux poils, nous n’en avions pas à la maison. Qui sait, peut-être que cette frustration d’enfant est à l’origine de ma vocation (rires, ndlr). En tout cas, quand je suis rentrée à l’école, c’était pour devenir vétérinaire équin. Puis, en cours de cursus, je me suis passionnée pour la rurale. Et tout ça pour finir … en canine à la sortie (rires, ndlr).

Pourquoi Louveto ?

MT : En stage, j’ai pris de plein fouet la réalité du métier. Cette découverte de la réalité du terrain et du quotidien du vétérinaire ont été difficiles pour moi. Le stress de mal faire, la confrontation à la mort mais aussi à la détresse des gens ont été pour moi une première prise de conscience assez violente. En cinquième année, j’ai commencé à en discuter avec d’autres étudiants et leur ressenti était relativement similaire. La suite de la réflexion, je la dois à Damien (Bry, ndlr), mon associé. Il n’est pas véto puisqu’il a une formation de développeur et il avait déjà un pied dans l’entrepreneuriat avec une agence de communication. En discutant de mes doutes avec lui, j’ai réalisé un certain nombre de choses. Et notamment des choses dont je n’avais jamais pris conscience, moi qui évoluais dans un milieu d’entre-soi très vétérinaire qui je trouve parfois, nous fait porter des œillères. Son regard extérieur m’a ouvert de nouveaux horizons. J’ai commencé à faire des recherches et je suis tombée sur le mentorat, qui est assez développé dans certains pays comme le Canada par exemple (le Québec plus précisément) et dans certains types d’entreprises comme la SNCF ou le groupe AXA par exemple). J’ai d’ailleurs découvert qu’une forme de compagnonnage, très proche du mentorat, se pratiquait dans notre profession il y a une trentaine d’années. Ça m’a tellement passionnée que je me suis mise à y consacrer beaucoup de temps. J’ai même fini par en faire mon sujet de thèse alors que j’avais déjà commencé à travailler sur autre chose : Louveto était né. De fil en aiguille, on en a parlé autour de nous et le projet s’est monté. Les vétérinaires ne connaissaient pas bien le concept de mentorat : il y avait une confusion entre « maître de stage » et « mentor ». Il a fallu expliquer qu’on ne parlait pas ici de guider un jeune vétérinaire pour ce qui relève des connaissances cliniques, de la démarche diagnostique ou des actes médicaux mais bien une relation d’aide, de soutien et d’accompagnement.

Tu es sortie de l'école il n'y pas si longtemps : du coup, quelles sont les aspirations professionnelles d'un étudiant vétérinaire aujourd'hui ?

MT : D’abord, je ne peux pas et ne veux pas parler au nom de tous les étudiants vétérinaires. Je peux juste résumer ce qu’ils ont pu me confier dans le cadre de nos échanges lors de la création de Louveto. Je crois qu’ils ont envie d’être accueillis au sein d’une équipe bienveillante et que c’est probablement le plus important pour eux. Ils recherchent aussi un équilibre entre leur vie personnelle et leur vie professionnelle car ils ont envie de s’épanouir sur les deux plans. Ils ont aussi conscience de l’importance d’avoir un « bon patron » - par là, ils entendent un bon « manager » mais le terme n’est pas très répandu chez les vétérinaires - avec qui la relation est fluide et franche.

Qu'est-ce que tu voudrais pouvoir dire à la véto que tu seras dans vingt ans ?

MT : C’est une question difficile parce que je ne sais même pas ce que je ferai, ni où je serai dans ne serait-ce que cinq ans… Mais il y a une chose dont je suis sûre, c’est que dans vingt ans, la problématique liée à l’écologie sera encore plus pressante. C’est un sujet qui me tient beaucoup à cœur, j’ai même failli tout plaquer il y a un an pour un projet de boîte écolo. Alors c’est peut-être là où on me trouvera dans une vingtaine d’année, en tant que vétérinaire ou pas d’ailleurs. En tout cas, j’espère que je n’aurai pas perdu ma motivation. Mais ce n’est peut-être pas la réponse que tu attendais … (je n’attendais rien moi, c’est ce qui fait le sel d’une interview ! ndlr)

Revenons au présent : c’est quoi la suite pour toi maintenant ?

MT : C’est de continuer à développer parallèlement Louveto et Dr Patounes. Louveto restera gratuit et n’est pas destiné à être monétisé. L’objectif, c’est d’automatiser au maximum le site pour que ce soit peu chronophage pour nous et que ça aide un maximum de jeunes vétérinaires en les mettant en relation avec des mentors. Plein de projets enthousiasmants sont dans les tuyaux. Par exemple, on lance un partenariat avec Veto-Entraide en septembre prochain. Pour Dr Patounes, c’est un peu différent. Nous sommes trois associés, nous sortons d’un accélérateur nantais, la Creative Factory Selection, et l’idée maintenant c’est de pérenniser notre activité. Et peut-être aussi essayer petit à petit de trouver un meilleur équilibre vie pro/vie perso parce qu’en ce moment, de ce côté-là, c’est plutôt difficile (rires, ndlr).


Merci Marie pour cet échange enrichissant. Je n’ai pas vu le temps passer. Tu m’as rappelé mes débuts d’entrepreneure et mon parcours avec Vétojob. Moi non plus, je ne sais où tu seras dans vingt ans, mais je suis sûre qu’on entendra encore parler de toi… Et ne t’inquiètes pas, quand on aime entreprendre, on ne perd pas sa motivation.

Chers consoeurs·frères, je vous invite à découvrir Louveto si vous êtes :

  • Un jeune vétérinaire qui souhaite partager ses valeurs et découvrir la réalité de l’exercice vétérinaire grâce à une relation bénéfique et durable avec un vétérinaire expérimenté ;
  • Un vétérinaire expérimenté qui souhaite accompagner un jeune étudiant ou diplômé dans sa découverte du métier en le faisant bénéficier de son expérience.

 

Propos recueillis par Marine Slove,
Vétérinaire & Éditrice associée

 

Cet article n'est pas sponsorisé et n'a pas été écrit dans le cadre d'un partenariat.

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