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La rage n’est pas une maladie du passé

Crédit photo @ Volodymyr - stock.adobe.com
Quand l’heure des vacances arrive, c’est toujours un peu la même rengaine : les propriétaires découvrent à la dernière minute qu’il n’est pas si simple de voyager à l’étranger avec un animal de compagnie. Et puis, il y a ceux qui ont ramené dans leur valise un petit chaton abandonné au bord d’une route et à qui il faut annoncer qu’il s’agit d’une importation illégale devant être déclarée aux services vétérinaires. Alors, comment les convaincre que ces procédures ne sont pas là pour les embêter mais bien pour protéger les humains et leurs animaux domestiques ?

NDLR : Alors qu’une femme est décédée de la rage, en France, le lundi 9 octobre dernier, après avoir été contaminée par une griffure de chat en Afrique, il nous a paru intéressant de vous partager cet article paru dans le premier numéro de L’auximook.
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Rappelons-le, une fois les symptômes déclarés, la rage est toujours mortelle. Dans le monde, on recense encore des dizaines de milliers de morts de la rage par an, essentiellement en Afrique et en Asie. Parmi eux, 40 % sont des enfants de moins de 15 ans. En 2017, un jeune enfant est d’ailleurs mort en France après avoir été contaminé par un chiot errant au Sri Lanka.

Si, en France, ce sont les renards qui ont mauvaise réputation (alors que la rage vulpine est éradiquée depuis des dizaines d’années), à l’échelle de la planète, ce sont bien les chiens qui sont à l’origine de l’immense majorité des cas mortels pour les humains. En effet, la transmission du virus de la rage se fait essentiellement par la salive, à l’occasion d’une morsure.

Indemne de rage, vraiment ?

La France est considérée comme indemne de rage terrestre depuis 2001. Cela ne signifie pas pour autant que l’on ne recense aucun cas de rage animale dans l’Hexagone. Ainsi, on trouve encore des cas de rage chez les chauves-souris mais, surtout, la rage est régulièrement introduite sur notre territoire par des personnes qui ne connaissent pas la réglementation et qui ramènent illégalement un chat ou un chien en provenance de pays où la rage circule.

Une étude très récente a ainsi calculé que la probabilité d’avoir au moins un cas d’importation par an est de 0,35 (soit en moyenne, une importation tous les trois ans) et que le nombre moyen d’animaux contaminés par la rage introduits en France métropolitaine était de 0,96. Ce modèle statistique correspond bien à ce que l’on observe sur le terrain, puisque depuis 2001, douze animaux enragés sont entrés sur le territoire (onze chiens et un chat).

Risque de rage et mise sous surveillance sanitaire

C’est pour toutes ces raisons que la réglementation impose toujours une surveillance importante lors des voyages avec un carnivore domestique (chat, chien ou furet) ou à la suite d’une morsure. En effet, la rage est toujours considérée comme un danger sanitaire de première catégorie [A]. Le but est de limiter le risque d’importation d’un animal contaminé par la rage, puis de le repérer rapidement s’il a mordu.

Bon à savoir

Lorsqu’on se fait mordre par un animal, notamment dans un pays étranger où la rage est endémique [B], il est impératif de nettoyer soigneusement les plaies à l’eau et au savon pendant quinze minutes puis de se rendre à l’hôpital afin de recevoir un vaccin contre la rage, car tant que les symptômes ne sont pas déclarés, on peut sauver la personne contaminée.

Mais la rage est une maladie compliquée car l’excrétion du virus dans la salive commence avant l’apparition des symptômes (jusqu’à quinze jours pour les animaux domestiques) et se poursuit jusqu’à la mort de l’animal, qui est inévitable. On comprend mieux pourquoi tout animal domestique ayant mordu, même apparemment sain, vacciné ou pas, doit être mis sous surveillance pendant quinze jours et, au cours de cette surveillance, doit être vu trois fois par un vétérinaire sanitaire :

  • la première fois, le plus tôt possible après la morsure (dans les 24 heures si possible) ;

  • la seconde, le septième jour après la morsure ;

  • et la troisième, le quinzième jour après la morsure. Si l’animal ne présente aucun signe clinique évocateur de rage au terme de cette période de surveillance, on peut alors être certain qu’il n’était pas excréteur de virus rabique le jour de la morsure et qu’il n’a donc pas pu transmettre le virus.

Quant aux voyages, il est important de prévenir les propriétaires que les règles varient selon les pays et qu’il faudra s’y prendre à l’avance (un délai de trois mois avant la date du voyage est un minimum pour faire toutes les démarches sans stress). De plus, il est de leur responsabilité de se renseigner sur les formalités à remplir, que ce soit pour entrer dans un pays étranger ou en revenir avec un animal de compagnie, mais aussi sur les obligations concernant le mode de transport et le mode d’hébergement, y compris en France ! Les ambassades, consulats et le site Internet AniVetVoyage représentent une mine d’informations précieuses. En effet, l’ASV ou le vétérinaire ne peuvent pas connaître les réglementations de tous les pays !


Actuellement, la rage sévit encore dans plus de 150 pays et la réglementation sanitaire est là pour protéger humains et animaux dans les pays comme la France, où elle a pu être éradiquée.

 

Laure Bonati,
Vétérinaire, consultante en médecine du comportement, CEAV d'éthologie appliquée

 

Lexique :

A - Les dangers de première catégorie concernent les maladies graves en santé publique ou les risques majeurs pour l’environnement ou l’économie française. Dans un but d’intérêt général, des mesures obligatoires de prévention, de surveillance ou de lutte sont mises en place.

B - Endémique : se dit d’une maladie qui est présente en permanence dans une région du monde.

 

Ressources documentaires et bibliographiques :

[1] Crozet, Guillaume et al. “Quantitative risk assessment of rabies being introduced into mainland France through worldwide noncommercial dog and cat movements.” Risk Analysis 43.5 (2023) : 896-916.

 

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