Se connecter

Au SSEVIF, l’indépendance pour fer de lance

Crédit photo @ a katz - shutterstock.com
Au Syndicat des Structures et Établissements Vétérinaires Indépendants de France, l’indépendance est pour le moins un état d’esprit, un modèle qui confine à la vocation, indissociable de la profession. Depuis 2020, ses adhérents le promeuvent, avec force et conviction. Donnons la parole à Caroline Dabas, présidente du SSEVIF, qui revient pour nous sur l’histoire du syndicat, ses missions et ses perspectives d’avenir.

Quand Caroline Dabas, présidente du SSEVIF, évoque son parcours, c’est avec une ferveur pérenne, la vocation chevillée au corps : « Je suis sortie de l’école de Toulouse en 1993 et j’exerce en libéral indépendante depuis 1996. J’ai eu 3 enfants, une vie de famille, une carrière épanouie. Je n’aurais jamais eu la même qualité de vie si je n'avais pas choisi ce modèle professionnel. » 

Pour elle comme pour ceux qui composent le SSEVIF, être vétérinaire et indépendant est une évidence, un engagement, en écho aux valeurs cardinales de la profession. Fondé en 2020, le syndicat compte un nombre grandissant d’adhérents, bien décidés à défendre ce modèle d’exercice « viable, robuste et résilient », comme Caroline Dabas aime à le qualifier.

Le SSEVIF face aux groupes financiers

À l’origine du SSEVIF, germe une inquiétude. Celle de la financiarisation des laboratoires de biologie puis des sociétés d’exercice vétérinaire. Face à la déferlante qui s’opère dès 2018, ils sont un petit nombre à percevoir immédiatement la nécessité de se regrouper et de faire front, conscients des enjeux qui se profilent alors pour la profession : « Au début nous étions quelques vétérinaires réunis en think tank (ndlr, groupe de réflexion), on échangeait via Facebook de manière relativement informelle. Puis, quand le boom des grands groupes s’est amorcé, le syndicat a vu le jour. Il était indispensable de porter la voie de ceux qui voulaient rester indépendants » raconte Caroline Dabas.

À l’époque, les groupements « corporate » ont déjà fait leur œuvre aux Etats-Unis, au Canada, en Angleterre. De cette réalité, Caroline Dabas et ses pairs tirent des enseignements, fondateurs : « Dans le cadre de la pensée One Health, il nous a semblé que la santé animale comme la santé humaine, n’était pas une « marchandise » comme une autre. En regardant ce qui se passait dans les autres pays, cela nous a paru important d’alerter sur les répercussions que la corporisation allait engendrer. La mainmise des financiers sur notre activité pose la question de notre légitimité, de notre liberté d’exercice et d’action. À aucun moment le business et la finance ne devraient dicter nos décisions. »

Face à l’accélération du phénomène, le SSEVIF se structure, rallie consœurs et confrères de tous âges, de tous horizons. Autant d’alliés pour un combat d’importance, loin d’être perdu d’avance. « Les structures indépendantes restent prioritaires en nombre, c’est un modèle qui n’est pas has been, contrairement à ce que l’on peut nous faire croire ! » avance ainsi avec hardiesse Caroline Dabas. Avec un nombre croissant d’adhérents, le SSEVIF représente aujourd’hui plus de 800 vétérinaires répartis dans plus de 200 structures d’exercice, du petit cabinet au grand centre hospitalier. Une évolution dont sa présidente se félicite, consciente toutefois des remparts qui encerclent la profession, historiquement peu encline à se syndiquer.

Redorer le blason de l’indépendance

Mais alors de quelles stratégies disposent les indépendants pour faire face aux groupes privés ? À cette question, Caroline Dabas rétorque instantanément : « Il y a beaucoup de leviers ! C’est une de nos missions au SSEVIF, offrir des outils pour les transmissions. Par exemple, cela passe par valoriser le patrimoine des vétérinaires proches de la retraite, les convaincre qu’il y a d’autres options que celles de vendre aux financiers. » Et d’ajouter : « Nous voulons aussi aller à la rencontre des vétérinaires fraîchement diplômés, leur rappeler que ce système existe et déconstruire les idées préconçues qui circulent. »

Malgré les données de l’Atlas démographique de l’Ordre1 - en 2024, 73.3 % des vétérinaires de moins de 35 ans exercent ainsi avec un statut de salarié - Caroline Dabas en est persuadée : la jeune génération s’intéresse toujours à l’entreprenariat. « Certes, être à la tête d’une entreprise vétérinaire ne convient pas à tout le monde, toutefois c’est une aventure passionnante ! C’est même dans l’essence du métier, pourquoi les jeunes vétérinaires n’y seraient-ils pas sensibles, au même titre que des ingénieurs ou des étudiants en école de commerce ? »

Désireuse de transmettre sa vision du métier, convaincue de la force du mentorat, Caroline Dabas déplore toutefois l’absence de formation dans le domaine, sur les bancs de l’école publique. « Le programme se concentre uniquement sur le versant technique et scientifique du métier. Les jeunes en oublient qu’ils peuvent être des chefs d’entreprise ! » Une réalité renforcée par la politique de séduction que les grands leaders du marché n’hésitent pas à mener, au cœur des ENV : « Au SSEVIF on a la sensation que les écoles ont été noyautées. Il y a une vraie réticence à nous laisser prendre la parole dans certaines d’entre elles. » Récemment sollicité à Toulouse, le syndicat a pourtant reçu un accueil chaleureux auprès des étudiants, preuve de leur attirance, si ce n’est de leur curiosité sur le sujet.

Porter la voix du collectif et de l’individuel

Fermement engagé pour la défense de la libre pratique de la médecine vétérinaire, le SSEVIF n’a eu de cesse de multiplier ses actions depuis 2020, renforçant ainsi sa légitimité auprès des autres syndicats vétérinaires de France. Pensé avant tout comme une communauté d’échanges et d'entraide entre praticiens indépendants, le syndicat n’en est pas moins actif auprès d’autres interlocuteurs, institution ordinale et pouvoirs publics en tête.

« On fait beaucoup de veille sur la législation, les propositions d’amendement. Parfois nous allons jusqu’à mobiliser les députés. Ça a notamment été le cas lorsque nous avons été informés de l’évolution de la certification Certibiocide » souligne Caroline Dabas. « Mais nous menons aussi des actions plus individuelles. On s’est par exemple portés partie civile auprès d’une consœur gravement agressée dans le cadre de son mandat sanitaire. »


Présents sur les réseaux sociaux, les évènements de l’AFVAC, du SNGTV... Caroline Dabas et ses membres réaffirment leur désir de pouvoir continuer à échanger autour de leur vision du métier. Une alternative « pas plus vertueuse qu’une autre mais infiniment résiliente » et qui, à les entendre, s’inscrit pleinement dans les aspirations sociétales du moment : « On est régulièrement interpellés par des gens qui souhaitent avoir des contacts de structures indépendantes. Les clients y sont très sensibles, ils plébiscitent des vétérinaires qui travaillent pour eux, dans leur intérêt. »

 

Propos recueillis et mis en forme par Amandine Violé
Vétérinaire

 

Les différentes missions du SSEVIF sont à retrouver sur leur site : https://ssevif.org/ et sur leur page Facebook : https://www.facebook.com/groups/346443962889526/.

Pour adhérer : https://ssevif.org/Membership/index.html

 

Ressources documentaires et bibliographiques :

La newsletter qui décrypte le monde vétérinaire autrement

Pour les vétérinaires curieux qui n'ont pas le temps de l'être : tous les mois, des articles, des histoires, des jobs et des conseils qui donnent le sourire.

Ça vous intéresse

Droit du Travail & Convention Collective

Vétos inspirants

Avenir de la profession

Presse vétérinaire

Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15