Avec un parcours que l’on pourrait qualifier d’atypique, Pauline esquisse une vision futuriste du métier d’auxiliaire vétérinaire. En se spécialisant dans la nutrition, jusqu’à en faire son activité principale, elle nous prouve que des évolutions de carrière sont possibles, à condition de le vouloir. Les ASV, grâce à leur polyvalence peuvent se distinguer dans de nombreux domaines.
Pauline nous raconte sans filtre pourquoi et comment elle s’est laissée embarquer sur le bateau de la connaissance en nutrition, avec pour cheval de bataille : la lutte contre la désinformation.
Alors que Pauline a 20 ans, un bac général en poche, elle entame des études en faculté d’économie, mais sent rapidement que ce n’est pas ce qui la fera vibrer. Pendant ses études, elle adopte Sookie, une petite chienne. C’est grâce à elle qu’elle fréquente les cliniques vétérinaires et commence à être attirée par le métier d’ASV. Toutes ces connaissances, cet accueil, ce contact avec les propriétaires d’animaux… C’est décidé, en 2008, elle commence un apprentissage dans une grande clinique du sud de la France, qui compte à l’époque 5 vétérinaires et 5 ASV. À la fin de son apprentissage, Pauline est embauchée en CDI. Dans cette clinique, où elle fait ses armes, elle rencontre également son mari, vétérinaire.
Le métier lui plaît, mais quelque chose la chagrine : l’accès à l’information sur la nutrition des animaux domestiques est assez restreint. Déjà, l’idée d’aller creuser dans cette direction commence à germer dans sa tête.
Entre carrière et maternité
En 2011, Pauline accueille son premier bébé. Après son congé maternité, elle décide de reprendre son métier à temps partiel. En effet, le quotidien rythmé par les gardes et les horaires à rallonge en clinique vétérinaire est difficilement conciliable avec sa nouvelle vie de famille.
En 2014, à l’arrivée de son deuxième enfant, Pauline décide de prendre un congé parental pour se consacrer à sa vie personnelle. Deux ans plus tard, lors de son retour au travail, la question de l’organisation se pose à nouveau… les horaires d’ouverture d’une clinique vétérinaire n’étant toujours pas adaptés à ses besoins familiaux. Elle choisit alors de prendre un poste de gestion au sein de sa clinique.
Au début, c’est un sacré défi, car tout est nouveau et Pauline doit apprendre sur le tas. Mais elle regorge de dynamisme : elle jongle avec la comptabilité, les plannings, les impayés… Elle a même été à l’initiative de la création de la boutique en ligne alors que ce n’était que le début de la vente sur Internet. Mais c’était, selon elle, le bon moment pour la mettre en place, notamment à la suite d’un reportage de France 5 qui faisait passer les vétérinaires pour des voleurs avec la vente de croquettes. La boutique en ligne a ainsi permis de réduire les tarifs pour être plus compétitif et d’éviter l’accumulation de nombreux sacs de nourriture à l’accueil.
Malgré tout, très vite, la routine s’installe, et un peu de lassitude également. Le contact avec les animaux et les clients lui manque. Avide de nouvelles connaissances, Pauline se forme à la physiothérapie. Son mari David étant ostéopathe et acupuncteur, la physiothérapie vient renforcer l’offre de soins proposées par leur structure en médecines complémentaires.
D’ailleurs, en 2017, David crée à leur domicile un petit cabinet vétérinaire spécialisé en médecines complémentaires. Pauline y assure la physiothérapie à partir de 2019 et, grâce à une organisation lui accordant un peu plus de temps libre, elle commence à se pencher sur la nutrition, car ses questions des débuts étaient toujours restées sans réponses.
"Les premiers soignants des animaux, ce sont les propriétaires."
Pauline est convaincue que l’éducation des propriétaires a un impact immense sur la santé des animaux. La prévention réalisée à l’accueil par les ASV influence très nettement la santé de nos compagnons à quatre pattes.
Une rencontre amicale pour une collaboration réussie
C’est dans le cadre de son travail à la clinique que Pauline a rencontré Charlotte Devaux, vétérinaire qui deviendra par la suite une référence en nutrition des animaux domestiques. Elles se sont tout de suite très bien entendues et sont restées en contact. C’est donc tout naturellement vers Charlotte que Pauline s’est tournée quand elle a souhaité avoir accès à des informations fiables et scientifiques sur la nutrition. En effet, peu de formations étaient alors disponibles et la nutrition n’est que très peu présente dans la formation des auxiliaires vétérinaires. Les seules informations accessibles aux ASV, le sont une fois en clinique, via les délégués. Et encore, certains réservent parfois leurs présentations aux vétérinaires exclusivement.
C’est à l’aide de livres et du soutien de Charlotte que Pauline a bâti ses connaissances en nutrition. Charlotte a été une véritable mentore pour Pauline, en lui apportant bien plus que des connaissances. Grâce à elle, Pauline a pris confiance en elle, et a combattu le fameux syndrome de l’imposteur.
Mais la Covid a rebattu les cartes de l’équilibre pro/perso…
Pendant le confinement, comme tous les parents d’enfants scolarisés, il a fallu assurer l’école à la maison. Contre tout attente, cette expérience a été très positive. À la fin du confinement, Pauline et son mari ont décidé de poursuivre l’enseignement à la maison, pour le bien-être de leurs enfants. Une nouvelle organisation a vu le jour, et Pauline, dont le premier amour reste la nutrition, s’est orientée vers cette pratique en devenant formatrice.
Instagram, formations, conférences : la nutrition au cœur de tout
Aujourd’hui, Pauline a trouvé son équilibre en étant présente pour ses deux enfants et en faisant de la formation en nutrition son activité principale, notamment au sein de la formation " Arginine " de Charlotte Devaux. Elle continue ainsi à aider les animaux à être en bonne santé grâce à une diffusion d’informations fiables en nutrition.
Belle revanche, car aujourd’hui les marques de petfood la sollicitent pour donner des formations ! Quelle belle avancée, sachant que quelques années auparavant, la porte restait parfois fermée aux ASV.
Depuis 2020 et le confinement, elle anime également la page Instagram petfood_review, qui compte plus de 2 000 abonnés. Via ses réseaux sociaux, Pauline continue sa mission d’instruire les propriétaires d’animaux et d’offrir une information scientifique, loin du marketing malheureusement omniprésent dans le petfood.
Co-autrice du livre 100 questions sur l’alimentation du chien et du chat, avec Charlotte Devaux, Pauline est devenue une référence de la nutrition vétérinaire en francophonie. Ce livre est destiné au grand public, afin de transmettre des informations claires et transparentes. C’est également un outil précieux pour les vétérinaires et les ASV. Un indispensable à avoir sous la main pour répondre aux questions parfois farfelues des propriétaires.
Enfin, Pauline est également rédactrice pour des revues vétérinaires, et conférencière, toujours dans son domaine de prédilection : la nutrition.
N.D.L.R : Pauline nous fait d’ailleurs l’honneur de rédiger deux articles pour notre prochain numéro de L’auximook qui parlera nutrition ! Pour vous abonner et recevoir ce numéro c’est par là !
La célèbre phrase d’Hippocrate : " que ton alimentation soit ta première médecine " résume parfaitement la mission de Pauline.
Avec son parcours inspirant, elle souhaite faire passer comme message à ses collègues ASV qu’il faut oser, et ne pas hésiter à forcer le destin. Les auxiliaires vétérinaires sont légitimes et ont le droit de se spécialiser s’ils le souhaitent. De même, un équilibre vie pro/vie personnelle est possible. C’est en osant se former et prendre sa place que cela ouvrira la voie pour les générations futures et que ce beau métier se réinventera pour suivre l’évolution du monde du travail.
Mélissa Dastroy
Vétérinaire