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Remplacement d’été en structure vétérinaire : les clés d’une embauche sécurisée

Crédit photo @ cunaplus - shutterstock.com
Chaque été, c’est le même casse-tête : comment maintenir la continuité des soins sans épuiser les équipes ? Entre les départs en congés, la hausse des consultations en zone touristique et les difficultés croissantes de recrutement, le remplacement ponctuel devient une nécessité vitale pour de nombreuses structures vétérinaires. Mais attention : embaucher un vétérinaire remplaçant, même pour quelques semaines, ne se résume pas à « trouver quelqu’un » et à lui confier les clés.

Encadrement réglementaire strict, obligations contractuelles, responsabilités partagées, qualité de prise en charge… chaque étape de l’embauche, du contrat à l’intégration, mérite une attention rigoureuse. Car si un remplacement peut soulager temporairement l’équipe en place, il ne doit jamais fragiliser ni la structure ni le soin prodigué aux animaux.

Revenons sur les fondamentaux à connaître et à mettre en œuvre pour garantir un remplacement conforme, efficace, et respectueux des intérêts de chacun : remplaçant, employeur et clientèle.

Le respect du cadre réglementaire et légal

L’exercice de la médecine vétérinaire ne s’improvise pas, même pour un remplacement ponctuel durant la période estivale. En tant que profession réglementée, elle obéit à un ensemble d’exigences strictes définies par le Code rural et encadrées par l’Ordre national des vétérinaires. Avant toute prise de fonction, il est impératif pour le vétérinaire remplaçant d’être inscrit au tableau de l’Ordre pour l’année civile en cours. Cette inscription conditionne la légalité de son exercice : en son absence, le remplaçant s’expose à des poursuites pour exercice illégal de la médecine vétérinaire.

Si l’adhésion à l’Ordre n’est pas déjà en cours, la demande d’inscription doit être accompagnée d’un dossier complet, justifiant l’identité et les qualifications du remplaçant [1]. Lui seront également demandé les dates et le lieu du remplacement ainsi que le contrat de travail établi entre les parties. Cette démarche vise à garantir que les conditions d’exercice sont conformes au Droit du Travail et à la convention collective. Contrairement à une idée reçue, la cotisation à l’Ordre n’est pas calculée au prorata du temps d’activité : elle est due en intégralité pour toute inscription, même temporaire, sur l’année en cours.

Par ailleurs, l’inscription à l’Ordre permet également de rendre possible l’extension de la responsabilité civile professionnelle de l’employeur au vétérinaire remplaçant, si ce dernier ne dispose pas d’une couverture personnelle. Dans ce cas, il revient au gérant de la structure de signaler explicitement à son assureur l’identité du remplaçant et la période de prise en charge. L’absence de cette déclaration peut entraîner des conséquences lourdes en cas de litige ou de sinistre.

De plus, certains actes, notamment ceux réalisés dans le cadre de l’habilitation sanitaire (prophylaxie, vaccination antirabique, etc.), ne peuvent être effectuées que par des vétérinaires habilités. Un remplaçant non titulaire de cette habilitation ne pourra donc pas exercer certaines tâches, même si elles relèvent du quotidien de la structure. Enfin, s’il demeure d’autres restrictions liées aux compétences ou à des limitations personnelles (grossesse, état de santé, etc.), celles-ci doivent être identifiées avant le début du remplacement. Il est essentiel de définir précisément en amont le périmètre d’intervention du vétérinaire remplaçant afin d’assurer une organisation fluide et conforme pour la structure.

Des obligations contractuelles et administratives à anticiper

Une fois les obligations légales et ordinales vérifiées, l’attention doit se porter sur la structuration rigoureuse du contrat de travail. Ce travail préparatoire est essentiel pour sécuriser la relation professionnelle entre le vétérinaire titulaire et son remplaçant, notamment en période estivale où les recrutements sont souvent urgents.

La première question à trancher est celle du statut du remplaçant. S’il est le plus souvent recruté dans le cadre d’un contrat à durée déterminée (CDD), celui-ci peut exercer soit en tant que salarié, soit comme collaborateur libéral. Ce choix n’est pas anodin, car il conditionne l’ensemble des obligations administratives et des droits sociaux du remplaçant. Quel que soit le statut retenu, la déclaration auprès de l’URSSAF, par l’employeur (en cas de salariat) ou le collaborateur libéral, ne doit pas être oubliée.

La rédaction d’un contrat écrit s’impose : il constitue le socle juridique de l’embauche. Certaines mentions y sont indispensables, à commencer par la durée du remplacement, avec des dates précises de début et de fin. Une période d’essai doit être définie, permettant à l’une ou l’autre des parties de rompre le contrat sans préavis ni justification pendant un laps de temps précis. Passé ce délai, une rupture anticipée doit respecter un préavis, dont la durée est à indiquer dans le contrat. Ce dernier peut également comporter des clauses spécifiques, comme une clause de non-concurrence, de confidentialité ou encore de respect du secret médical. N’hésitez pas à utiliser les modèles de contrat classiques mis à disposition par l’Ordre des Vétérinaires.

La rémunération doit aussi y être clairement stipulée, avec ses modalités de versement. Si la profession est régie par la convention collective vétérinaire, rien n’empêche de proposer une rémunération supérieure, notamment en fonction des compétences ou de l’expérience du candidat. En période estivale, le marché du travail est particulièrement tendu notamment en zones rurales ou touristiques. Offrir un salaire attractif peut alors constituer un levier de recrutement efficace. Il ne faut pas oublier qu’en cas d’embauche sous CDD, une prime de précarité de 10 % du salaire brut devra également être versée en fin de contrat.

Une organisation rigoureuse gage de sérénité

Après ces considérations administratives parfois éloignées de nos préoccupations quotidiennes, il est temps de troquer notre casquette de chef d’entreprise pour celle de soignant. Et on ne le répètera jamais assez : prendre soin de ses patients commence par prendre soin de soi-même et de son équipe. Accueillir un remplaçant ne se limite donc pas à un contrat : c’est aussi lui garantir un environnement de travail sain et sécurisé.

Même si la visite médicale d’information et de prévention n’est pas exigée pour les contrats saisonniers de moins de 45 jours [2], le salarié reste bénéficiaire des actions de prévention et de sensibilisation aux risques professionnels organisées par le service de prévention et de santé au travail [3]. D’ailleurs, en cas de réalisation de radiographies par le vétérinaire remplaçant, n’oubliez pas de commander un dosimètre nominatif auprès de l’autorité compétente. Il revient également à l’employeur de rester attentif, au-delà des obligations légales, à la santé physique et mentale du vétérinaire remplaçant. Une vigilance d’autant plus importante durant la période estivale, souvent marquée par une hausse d’activité et une fatigue généralisée des équipes.

Un levier essentiel pour limiter le stress lié à un remplacement temporaire réside dans une organisation claire et anticipée. En été, la charge de travail s’alourdit, les urgences se multiplient, et de nouveaux clients de passage viennent s’ajouter aux suivis habituels. Pour faciliter l’intégration du remplaçant, il est indispensable de s’assurer en amont du bon état de fonctionnement du matériel, d’une pharmacie correctement approvisionnée, et d’un accès fluide aux informations médicales. Un historique patient à jour, des ordonnances facilement accessibles, ainsi que des protocoles clairs (maladies chroniques, urgences, relais de soins) permettent une continuité sans heurt et rassurent tant le praticien que la clientèle.

Enfin, n’oublions pas l’aspect humain : accueillir, c’est intégrer. Prévoir un temps d’échange en amont pour faire visiter les locaux, présenter l’équipe, transmettre les codes d’accès (logiciel métier, planning), et fournir les éléments de travail (blouse, clés, dosimètre) est essentiel. Préparer aussi la clientèle à l’arrivée du nouveau vétérinaire limite les malentendus et renforce la confiance. Un accueil bienveillant, bien préparé, est souvent la clé d’un remplacement réussi.


Préparer l’arrivée d’un vétérinaire remplaçant ne se résume pas à signer un contrat. En alliant rigueur administrative, cadre contractuel clair et accueil bienveillant, vous posez les bases d’un remplacement fluide, efficace et serein. Certes, cela demande un peu d’anticipation, mais c’est le prix d’une continuité des soins sans accroc. Alors… prêts à partir l’esprit tranquille ? À vous les vacances (et bienvenue au remplaçant) !

 

Anne-Sophie Richard,
Vétérinaire

 

Ressources documentaires et bibliographiques :

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