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Retraite des vétérinaires salariés : mieux vaut prévenir que subir !

Crédit photo @ SeventyFour - shutterstock.com
Trop loin pour qu’on s’en inquiète, trop floue pour qu’on s’y retrouve ? La retraite reste souvent un sujet relégué au second plan dans les carrières des vétérinaires salariés. Pourtant, entre régimes de base, complémentaire Agirc-Arrco, points, trimestres et évolution des statuts, il est essentiel de comprendre dès maintenant les règles du jeu pour ne pas subir demain. Tour d’horizon clair et concret d’un sujet qui vous concerne… même si votre agenda n’est pas près d’intégrer tout de suite petits-enfants, bingo en salle des fêtes et virées en camping-car !

Le métier de vétérinaire est souvent perçu à travers le prisme de la passion animale, mais il s’accompagne aussi d’enjeux sociaux importants, notamment en matière de retraite. En France, les vétérinaires peuvent exercer sous différents statuts : libéral, salarié, fonctionnaire... La retraite des vétérinaires salariés, bien qu’adossée au régime général, possède certaines particularités propres à leur statut professionnel. Entre régimes de base, complémentaire et éléments spécifiques à la convention collective, les règles peuvent sembler complexes. Essayons de clarifier tout ça…

Statut et spécificités du vétérinaire salarié

Les vétérinaires salariés (à distinguer des vétérinaires libéraux, affiliés à la CARPV) sont considérés comme salariés du privé. Ils relèvent donc du régime général de la Sécurité sociale, au même titre que tout autre salarié du secteur privé. Ils peuvent travailler dans des structures vétérinaires privées en tant que salariés d’un vétérinaire titulaire, dans des structures publiques (services vétérinaires de l’État, DDPP...) ou dans des établissements comme des laboratoires, l’industrie agroalimentaire ou pharmaceutique.

La convention collective encadre le travail des vétérinaires salariés dans le secteur privé. La plupart des vétérinaires salariés sont cadres, ce qui influe d’ailleurs sur certaines cotisations. D’autres éléments tels que le temps partiel ou les gardes influencent également la durée et le montant des cotisations. Mais beaucoup de vétérinaires alternent, tout au long de leur carrière, entre salariat et exercice libéral. Ces statuts mixtes nécessitent une coordination entre les régimes (CNAV, CARPV, Agirc-Arrco...), et c’est là qu’il faut être vigilant !

Les vétérinaires ont parfois une carrière fragmentée. Les interruptions de carrière (mobilité, maternité, périodes à l’étranger) peuvent affecter le nombre de trimestres validés. Quand on ajoute à cela l’entrée tardive sur le marché du travail (après 7 ans d’études en moyenne), on comprend qu’une retraite à taux plein puisse paraître difficile à atteindre.

Les réformes successives (notamment celle de 2023) ont conduit à un recul progressif de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et un allongement de la durée de cotisation à 43 annuités (172 trimestres). Dans les points positifs, il faut quand même noter une meilleure prise en compte des carrières longues et du travail à temps partiel ainsi que la mise en place d’un minimum contributif revalorisé, un dispositif du système de retraite français permettant de garantir un minimum de pension aux assurés ayant cotisé toute leur carrière, mais avec de faibles revenus.

Le projet de système universel à points, abandonné en 2020 mais pas totalement enterré, pourrait profondément modifier le paysage car les vétérinaires salariés verraient leurs régimes alignés sur une seule structure. Heureusement, nous n’en sommes pas encore là…

Quelles cotisations pour quelle pension de retraite ?

Le système de retraite des vétérinaires salariés dépend de leur secteur d’activité (privé ou public), mais en général, il comprend trois niveaux.

1. La retraite de base

Les vétérinaires du secteur privé cotisent au régime général de la Sécurité sociale géré par la CNAV (Caisse nationale d'assurance vieillesse). Les cotisations sont obligatoires et prélevées directement sur le salaire brut, avec un taux de cotisation (en 2024) d’environ 15,45 % du salaire brut (ce pourcentage inclut la part salariale et la part employeur, il s’applique dans la limite du plafond de la Sécurité sociale et peut varier légèrement selon les années).

La durée de cotisation requise varie légèrement selon l’année de naissance (généralement 172 trimestres pour les générations récentes, soit 43 années). Depuis la réforme de 2023, l’âge légal de départ à la retraite est fixé à 64 ans (progressivement selon l’année de naissance là aussi) mais compte tenu des études longues, et de la durée de cotisation nécessaire pour toucher sa retraite à taux plein, les vétérinaires salariés sont davantage susceptibles de pouvoir exercer leur retraite à partir de 67 ans (cet âge correspond à l’obtention automatique du taux plein, même sans avoir validé tous les trimestres requis).

Le calcul de la pension de retraite est basé sur les 25 meilleures années de salaire avec une retraite à taux plein plafonnée à 50 % du salaire moyen. Le montant de votre retraite peut être calculé en tenant compte du salaire annuel moyen (SAM) et du taux de liquidation appliqué au prorata des trimestres cotisés. Le SAM est calculé en prenant la moyenne des salaires perçus au cours des 25 meilleures années de la carrière du vétérinaire. Quant au taux de liquidation, il est fixé en fonction de l’âge de départ à la retraite et du nombre de trimestres cotisés.

Pour une retraite à taux plein, le taux maximum est de 50 %. L’application se fait au prorata des trimestres cotisés : si le vétérinaire n’a pas cotisé le nombre de trimestres requis pour une retraite à taux plein, une décote est appliquée (à noter qu’une surcote de 1,25 % par trimestre supplémentaire est prévue pour ceux qui prolongent leur activité au-delà de l’âge et de la durée requis).

La formule de calcul est :

SAM x Taux de liquidation x (Trimestres requis / Trimestres cotisés)

Exemple :

La retraite de base d’un vétérinaire ayant un SAM de 60 000 € bruts et ayant cotisé 168 trimestres sur 172 requis s’élèvera à :

60 000 x (0,5 x 0,976) = 29 280 € bruts annuels, soit 2 440 € brut par mois

Avec :

SAM = 60 000 

Taux liquidation = 50 %

Prorata des trimestres cotisés (décote) = 168/172

2. La retraite complémentaire

Les vétérinaires salariés cotisent également à la retraite complémentaire Agirc-Arrco via leur employeur. Ce régime complémentaire est obligatoire pour tous les salariés (cadres et non-cadres). Il repose sur un système de points, acquis en fonction du salaire brut, qui seront ensuite convertis en pension complémentaire annuelle lors du départ à la retraite. Évidemment, le nombre de points accumulés dépend du montant cotisé.

La retraite complémentaire d’un vétérinaire est donc déterminée par le nombre de points acquis durant la carrière, multiplié par la valeur du point au moment de la liquidation des droits. Chaque année, les cotisations versées par le vétérinaire et son employeur (ou par le vétérinaire seul s’il est libéral) permettent d’acquérir des points de retraite. La valeur du point est fixée annuellement par les caisses de retraite complémentaire des vétérinaires.

Par exemple, en 2025, la valeur du point ARRCO est fixée à 1,4386  € (valeur en vigueur à la date de rédaction, révisée chaque 1er novembre par l’Agirc-Arrco).

Le montant de la retraite complémentaire est obtenu en multipliant le nombre total de points par la valeur du point.

Exemple :

La retraite complémentaire d’un vétérinaire ayant accumulé 10 000 points AGIRC/ARRCO avec une valeur du point à 1,4386 € au moment de son départ à la retraite sera de :

10 000 x 1,4386 = 14 386 € brut par an, soit 1 199 € brut par mois.

3. Les régimes supplémentaires ou facultatifs

Certaines structures proposent des régimes de retraite supplémentaires à prestations définies. De nombreux vétérinaires salariés, en particulier dans les grandes entreprises ou via des accords collectifs, bénéficient donc d’un régime de retraite supplémentaire de type PER (Plan d’Épargne Retraite) ou régime article 83. Cela n’est toutefois pas une obligation.

Pour les vétérinaires du secteur public

Ceux qui travaillent dans des établissements publics (ex : DDPP, INRAE, services vétérinaires de l’État) peuvent être rattachés au régime des fonctionnaires, relevant alors du Service des Retraites de l’État (SRE). Ils bénéficient de règles de calcul différentes (basées sur les 6 derniers mois de traitement indiciaire).

S’ils sont titulaires, ils cotisent au SRE ou à la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (CNRACL) selon l’administration. Le calcul est basé sur les 6 derniers mois de traitement indiciaire et la retraite à taux plein atteint 75% (avec bonifications dans certains cas).

Il n’existe pas de régime complémentaire obligatoire, mais les salariés du secteur public peuvent cotiser volontairement à la RAFP (Retraite additionnelle de la fonction publique) pour les primes et indemnités.

Comment optimiser sa retraite ?

Le calcul du montant de la pension de retraite dépend de la durée d’assurance validée, du revenu annuel moyen (régime de base), du nombre de points Agirc-Arrco (régime complémentaire). Les montants varient grandement selon le statut (privé/public), le salaire moyen sur les 25 meilleures années, la durée de la carrière et l’âge de départ à la retraite.

Pour obtenir le montant global (hors régimes facultatifs) de la retraite annuelle d’un vétérinaire salarié, il faut donc additionner la retraite de base et la retraite complémentaire.  Attention, sur ces montants bruts sont appliquées des cotisations sociales. Pour connaître le montant net de votre retraite, des convertisseurs existent.

Il est vrai que, pour les fonctionnaires, les pensions peuvent être plus avantageuses, surtout en fin de carrière, si le traitement indiciaire est élevé.

Bien que la plupart d’entre nous commencent à se préoccuper de sa retraite quand elle se rapproche, il serait plus judicieux, pour l’optimiser, de faire un bilan de carrière régulièrement, de vérifier la coordination entre les différents régimes en cas de statut mixte, et d’envisager (en fonction de sa situation personnelle) des solutions personnalisées telles que le rachat de trimestres ou la souscription d’un PER.

Voici une suggestion de calendrier pour bien préparer sa retraite :

  • à la trentaine : commencez à vous renseigner sur les différents régimes de retraite et envisagez des solutions d’épargne qui vous correspondent ;

  • à la quarantaine : faites un premier bilan et évaluez l’intérêt de solutions d’épargne complémentaires ;

  • à la cinquantaine : vérifiez vos droits et envisagez des ajustements si nécessaire ;

  • à la soixantaine : préparez les démarches administratives pour la liquidation de vos droits (et oui cela peut prendre un temps certain surtout pour celles et ceux qui ont un statut mixte).


Le système de retraite des vétérinaires salariés, bien qu'inséré dans les régimes classiques français, présente des spécificités liées à la nature du métier, à la longueur des études, et à la diversité des parcours professionnels. Le système de retraite des vétérinaires salariés s’appuie sur les régimes classiques des salariés du privé (base + complémentaire). Si la structure est globalement simple, elle peut varier selon le cadre d’emploi (privé/public) et les modalités contractuelles. De plus, il est fréquent que les vétérinaires changent de statut (en passant de salarié à libéral par exemple) au cours de leur carrière, ce qui complexifie le tableau au moment du départ à la retraite. Un autre article sera d’ailleurs consacré au système de retraite des vétérinaires libéraux à la rentrée. Dans tous les cas, une bonne anticipation, couplée à une stratégie personnalisée, est essentielle pour garantir un niveau de pension satisfaisant à l’issue d’une carrière exigeante.

 

Annabelle Orszag,
Vétérinaire

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